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L'orthorexie : quand manger sain vire à l'obsession

Vous connaissiez l'anorexie, la boulimie... Mais connaissez-vous l'orthorexie ? Il s'agit de la volonté (louable, en soi) de vouloir manger sain. Mais appliqué à l'excès, cet objectif peut devenir un trouble obsessionnel et conduire à de l'anorexie mentale. Explications.

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Quand manger sain vire à l'obsession

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Ce gratin, il contient beaucoup de crème, non ?”, “le poireau, il a été récolté il y a longtemps ?” et la sempiternelle “ta pomme, là, elle est bio j’espère ?” : on a tous cette amie, ce cousin ou cette collègue qui nous oppresse avec ses questions. Mais si cette personne fait une fixette au quotidien sur la qualité des aliments, sachez qu'elle est peut-être malade.

 

En effet, bannir le sucre de ses repas, passer des heures à décortiquer les étiquettes ou refuser un dîner entre amis par peur de ce que l’on va y manger sont autant de symptômes potentiels de l’orthorexie. Ortho-quoi ? L’orthorexie -pour faire simple- c’est l'envie de manger sainement. Mais ce terme peut vite virer à l'obsession, et les personnes se retrouvent alors à bannir une catégorie d'aliments.

 

« Dis moi ce que tu manges, je te dirai qui tu es »

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"On peut se demander si les divers scandales alimentaires, les réseaux sociaux et les mises en garde qui nous entourent au quotidien ne seraient pas à l’origine de ce trouble" questionne le Pr. Bogdan Galusca, professeur des Universités- Praticien Hospitalier à Saint-Etienne. "On vit dans l'orthorexie parce qu'on avance avec des messages d'angoisses. Ne mange pas ci, regarde attentivement l'étiquette, ne fais pas ça. Ces messages sont stigmatisants et poussent à prendre des décisions tranchées chez certaines personnes déjà disposées. Des femmes dans 9 cas sur 10" alerte-il.

 

A longueur de journée, on apprend qu’une alimentation trop riche entraîne obésité, AVC et autres maladies, on nous rabâche des recommandations nutritionnelles et on entend en boucle que “pour [notre] santé, [il ne faut pas manger] trop gras, trop sucré, trop salé”. Bref, tout est réuni pour devenir un obsédé des aliments sains.

 

Pour répondre à ces normes sociales, les orthorexiques s'imposent donc des règles très strictes. "Dans l'imaginaire des patients atteints d'anorexie mentale, manger sainement veut dire bannir radicalement toute forme de gras et de sucre" explique le Pr. Conséquences possibles ? Des carences alimentaires, une perte de plaisir gustatif et une désocialisation progressive. "Ces personnes sont convaincues qu'elles ont un régime alimentaire sain et adapté, alors qu'en réalité nous avons besoin de 30% de lipides, 50% de glucides et 20% de protéines".

 

Comment savoir si l'on est orthorexique ?

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Vouloir bien manger, c’est une chose, en faire une obsession en est une autre. Mais la frontière entre les deux est floue. Pour avoir une première approche, des chercheurs italiens ont développé un test en 15 questions.

 

  • Quand vous mangez, prêtez-vous attention aux calories des aliments ?
  • Quand vous allez dans un supermarché, vous sentez-vous gêné ?
  • Au cours des 3 derniers mois, avez-vous été préoccupé en pensant à de la nourriture ?
  • Choisissez-vous ce que vous mangez en fonction de la qualité des aliments ? 
  • Pour vous, le goût des aliments est il plus important que leur qualité ? 
  • Seriez-vous prêt à dépenser plus d’argent pour consommer des aliments plus sains ?
  • Passez-vous plus de 3 heures par jour à penser à votre alimentation ? 
  • Vous autorisez-vous des transgressions ? 
  • Pensez-vous que votre état d’esprit affecte votre comportement alimentaire ?
  • Votre volonté de manger sain augmente-t-elle votre estime de vous-même ?
  • Manger sain change-t-il votre mode de vie (la fréquence à laquelle vous mangez à l’extérieur, chez vos amis…)
  • Pensez-vous que consommer sain peut améliorer votre apparence ? 
  • Culpabilisez-vous lorsque vous transgressez vos restrictions ?
  • Pensez-vous qu’il n’y ait aussi des aliments mauvais au marché ?
  • Prenez-vous vos repas seul ?

 

Initialement basé sur un système de points, ce test permettrait de prendre conscience de sa situation personnelle, bien qu'il ne fasse pas office de diagnostic. Si vous vous sentez concerné, l'idéal reste de consulter un médecin.

 

Et le Pr Bogdan Galesca de conclure "Il ne faut pas trancher entre nutrition et plaisir. Au contraire, il faut savoir jongler entre d'un côté nos goûts et de l'autre des règles alimentaires à suivre. Il faut savoir se faire plaisir tout en mangeant équilibré, c'est important de garder à l'esprit ces deux notions complémentaires et de prendre du recul sur tout ça".