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Les papillons dans le ventre, les mains moites ou encore les joues qui deviennent rouges… l’amour peut être à l’origine de nombreuses réactions de notre corps. Parmi celles-ci, on retrouve le manque d’appétit.
Au restaurant avec votre date, impossible d’avaler quoique ce soit. Vous n’avez définitivement pas faim quand vous êtes en sa compagnie. Mais pourquoi ? Pour répondre à cette question que l’on s'est tous déjà posée au moins une fois, nous sommes allés interroger deux expertes dans le domaine et voici leurs conclusions.
“Il y a une sorte d’anesthésie qui se fait au travers de ces décharges émotionnelles très fortes”
Johanna Rozenblum, psychologue clinicienne
Le rôle des hormones : “Je dirais qu’il y a quelque chose de très émotionnel dans la façon qu’on a de s'alimenter. Or, lorsqu'on éprouve un sentiment amoureux très fort, surtout dans les débuts, je pense qu’il y a une espèce de satiété qui est comblée par ce sentiment amoureux, par cette ivresse, par toute l'excitation que ça génère”.
D’après la psychologue clinicienne, ce véritable bouleversement est principalement lié aux hormones qui nous font ressentir des émotions très vives.
“Ce phénomène est en lien avec toutes ces hormones qui sont sécrétées : les hormones du bonheur, c'est-à-dire l'endorphine, la sérotonine, l'adrénaline qui font que le sentiment de faim et de satiété passe au second plan. Le plaisir n’a plus besoin d’être éprouvé par le biais de la prise alimentaire. On se sent rassasié ou on ne ressent plus du tout le sentiment de besoin. Notre esprit est ailleurs parce qu'on est peut être plus tourné vers les émotions que vers son propre corps, ses propres besoins”.
Un phénomène qui varie d’une personne à l’autre :“Il y a une sorte d’anesthésie qui se fait au travers de ces décharges émotionnelles très fortes qui privent la personne de ce sentiment de faim. Quand on vit un événement heureux, on a moins besoin de combler contrairement aux événements traumatisants. Mais cette réaction dépend des personnes et des organismes mais aussi du rapport que l’on a avec la nourriture depuis l’enfance ou encore du soutien social que l’on peut avoir”.
Quoi qu'il en soit, il est vrai qu’au début d’une histoire d’amour, “ la relation est souvent très présente aussi bien dans l’esprit que physiquement et donc on a moins ce besoin de nourriture, tout ça a été comblé par autre chose de plus fort, de plus spirituel”.
“C’est une sorte d'état d’alerte qui peut également contracter l’estomac. Ça donne une sorte de satiété psychologique”
En parlant de spiritualité, nous sommes aussi allés interroger Margaux Grosman, pour évoquer l'amour, sous un autre spectre mêlant science et spiritualité. Car oui, l’amour c’est aussi des énergies.
Margaux Grosman, médecin ayurvédique, formée en Inde, diplômée en journalisme et en neurosciences.
La médecine ayurvédique, c’est quoi ? Pour rappel, il s’agit de la première médecine du monde reconnue par l’OMS, nous explique Margaux. La médecine ayurvédique est une “science spirituelle qui va prendre l’être humain dans sa globalité : le corps, l'âme et l'esprit". Ainsi, d’après cette experte, d’un point de vue ayurvédique une relation amoureuse équilibrée va reposer sur "l’harmonie des 3 doshas (piliers) principaux qui sont vata, pitta et kapha - et également sur une connexion des partenaires à la fois sur les plans physique, émotionnel et spirituel".
Le rôle des hormones : là encore, les hormones jouent un rôle clé puisque lorsque l’on tombe amoureux, le corps va libérer “toute une cascade d’hormones qui va activer ce qu’on appelle le circuit de la récompense que l’on a dans le cerveau et qui va nous apporter une sensation de bien-être très intense. Cela va stimuler le métabolisme et réduire le besoin de nourriture”.
- Noradrénaline : qui va accélérer le rythme cardiaque et inhiber la sensation de faim
- Dopamine : qui peut créer cette espace d’addiction
- Sérotonine : qui est un élément clé de la régulation de l'appétit. Lors de la relation amoureuse cette hormone fluctue, ce qui peut expliquer des comportements alimentaires inhabituels, d’autant plus que cela active le système limbique responsable des émotions.
“Ces substances chimiques vont complètement inhiber tous les signaux de faim qui sont envoyés par l'hypothalamus : région du cerveau qui va réguler l'appétit. Le corps va se concentrer sur l’excitation émotionnelle, bien plus que sur les besoins physiologiques. On se nourrit de l’autre. Il y a aussi cet espèce de stress léger, qui est lié à l'excitation amoureuse, ce qui va aussi booster la production de cortisol - l’hormone du stress, un peu comme un état obsessionnel, ce qui va contribuer également à réduire l’appétit”.
“Dans notre corps, la chimie du cerveau est totalement bouleversée. Et un cerveau amoureux, va fonctionner de manière similaire à une personne sous l’effet de stimulant, en quelque sorte”.
Le rôle des doshas : Comment expliquer cette perte d’appétit selon la médecine ayurvédique ? “Selon la vision ayurvédique c’est le résultat de l'élévation du dosha “vata”, le dosha associé au mouvement de l'excitation et de l’irrégularité digestive. Cet amour naissant va agir comme une énergie qui va directement nourrir le cœur, rendant ainsi le besoin de se nourrir concrètement moins pressant. La nourriture va passer au second plan. C’est une sorte d'état d’alerte qui peut également contracter l’estomac. Ça donne une sorte de satiété psychologique. C’est une nouvelle nourriture surtout lors des débuts passionnels”.
Mais est-ce que ce sentiment est voué à durer ?
D’après Margaux Grosman, cette “stimulation très forte peut temporairement court-circuiter le besoin de nourriture.Toutefois, à mesure que la relation va se stabiliser, le corps retrouve son équilibre, l'appétit redevient plus ou moins normal. L’amour naissant est souvent intense alors que l'amour stable va plutôt favoriser un retour à l'équilibre”.
En effet, une étude a récemment montré que ce manque d’appétit ne dure pas très longtemps, bien au contraire. Au fur et à mesure des années, les couples auraient même tendance à prendre du poids : “dans les 5 ans du couple il y a une prise de poids. Au bout d’un moment, il y a un facteur bien être et décontraction qui se fait car on se sent aimé. Ainsi, les personnes qui se restreignaient au niveau de la nourriture profitent un peu plus” conclut Johanna Rozenblum . Pas de panique donc une fois le coup de cœur passé, votre coup de fourchette reviendra, lui, à coup sûr !