
Il est 19h15. La pluie tambourine sur les trottoirs de Paris et la nuit enveloppe déjà la rue Jean-Pierre Timbaud. Sous la lueur tamisée des réverbères, la devanture d’un restaurant aux couleurs caramel attire le regard. Derrière cette porte, le chef ukrainien Maksym Zorin orchestre une cuisine bistronomique précise et sincère, entre terroir français et clins d'œil à ses racines. Nous poussons la porte et entrons. Notre périple culinaire peut débuter.
Direction Datcha, une maison de campagne bistronomique
“Maison de Campagne”, c’est comme cela que l’on traduit Datcha en russe. Un mot qui correspond absolument à l’ambiance de ce lieu à la lumière chaude qui contraste fortement avec la grisaille parisienne de l’extérieur. Pas de doute, nous sommes presque arrivés à la campagne. On retrouve de la paille dissimulée un peu de partout dans la pièce. Le bois est le matériau dominant. Les tables sont d’ailleurs faites de bois tout comme les chaises. Les banquettes renforcent l’esprit convivial du lieu. En levant la tête, la hauteur sous plafond nous fait nous sentir presque tout petit. En regardant au sol, on contemple cette jolie mosaïque qui vient parfaire le restaurant. Tout est conçu pour se sentir comme à la maison et loin de Paris, le temps d’un repas.
Pour cette aventure culinaire c’est Maksym Zorin qui est le chef de bord. Il nous reçoit dans sa “Datcha”. Un lieu qu’il a ouvert après avoir fait ses armes aux côtés des plus grands tel que Alain Ducasse. Aujourd'hui, il met son talent au service de ses clients pour une balade à la campagne mémorable.
D’ailleurs, on peut l’observer tout au long du repas grâce à la cuisine ouverte qui ravira à coup sûr les clients les plus gourmands et les plus indiscrets. Si ce soir-là, les odeurs de cuisine étaient discrètes, c’était agréable de voir les équipes et le chef s'affairer derrière les fourneaux. On pouvait constater que chaque assiette était dressée avec une minutie extrême. C’est à la pince que les derniers détails étaient peaufinés avant d’envoyer les premières assiettes.
Entre justesse et saveurs
Mais avant de commencer cette farandole de plats, pour nous mettre en appétit, le chef propose un assortiment de beurres aromatisés, déposés sur le rebord d’une petite assiette avec un couteau. Une présentation à première vue un peu brutale qui avec plus d’attention fait finalement très travaillée. Une belle idée d'apéritif simple à reproduire. En proposant cette petite assiette, le chef nous a touché en plein cœur - en particulier avec le beurre au wasabi absolument percutant. La rondeur du beurre tempère parfaitement la vivacité du wasabi. Un beau mariage et une belle promesse pour ce début de repas.
Pour le reste, le menu est une véritable ode à la cuisine française. Le chef met en valeur dans ses plats des produits du terroir en pleine saisonnalité comme avec sa daurade royale qui est sublimée avec de la betterave et de la poutargue pour créer ensemble une belle harmonie.
Betterave, pommes de terre, hareng…On décèle également dans les assiettes de subtiles références à la cuisine ukrainienne, un joli clin d'œil au pays d’origine du chef.
Les assiettes tapent juste et le match se fait.
Les associations de saveurs sont réfléchies et c’est un point qui a particulièrement retenu notre attention, il faut le reconnaître.
Les points forts ? Précision et justesse à chaque assiette. Le chef travaille en équilibriste. Croquant, croustillant, gourmandise ou fraicheur : après chaque bouchée, on découvre de nouvelles textures et de nouvelles saveurs qui font la recette. C’est le cas ainsi avec les Saint-Jacques proposées en plat qui sont juste snackées, cuites à la perfection et relevées avec de la clémentine pour l’acidité et du beurre blanc pour la rondeur. Les brochettis, eux, viennent apporter ce côté croquant et frais au palais. On ne s’en lasse pas. La purée de brocolis apporte beaucoup de douceur et de réconfort. C’est la dose dont on avait besoin. Cette harmonie délicate est le fil conducteur du repas. De l’entrée jusqu'au dessert, aucune fausse note. L’accord est parfait.
Pommes de terre Agria Haddock, cornichons, câpres - 17 euros
Daurade royale, Coing, poutargue, betterave - 18 euros
Saint Jacques Brocolis, Brocolettis, clémentine, beurre blanc - 33 euros
Volaille du Gatinais Butternut en différentes textures, coriandre, jus corsé - 29 euros
Pour terminer cette balade à la campagne, le chef ose un vrai pari. Pas de chocolat. Pas de vanille. Pas de crème brûlée. Pas de fondant. C’est un fruit qui est mis à l’honneur pour la saison : le litchi. Un pari osé. Ce fruit se fait rare à la carte des restaurants. Une fois encore le croquant de la meringue et la fraîcheur du fruit créent une belle symbiose. Simple et efficace.
Côté prix, comptez 29 euros le menu entrée/plat ou plat/dessert et 38€ le menu complet pour le déjeuner. Pour le dîner, le chef propose des menus dégustation en 6 temps (70€) et 8 temps (110€). Un rapport/qualité prix satisfaisant au vu de la qualité des plats. Il n’y a pas de doute, on vous recommande de faire un tour dans cette “maison de campagne”.
Ce test a été réalisé dans le cadre d'une invitation professionnelle, mais si nous n'avions pas aimé l'adresse, nous n'en parlerions pas.