
Pierre Olivier/M6
Il y a quelques jours, les nouveautés de cette 16ᵉ édition ont été dévoilées. Et pour cette année, la production a frappé fort en s’associant au Guide Michelin. En effet, tout au long du concours les candidats seront jugés par les inspecteurs du fameux livre rouge. Le gagnant de Top Chef pourra ainsi ouvrir son restaurant auquel pourra être décernée une étoile.
Bref, une très très belle récompense ! Le problème ? Décrocher une étoile aussi rapidement après “seulement” avoir remporté l’émission fait grincer des dents chez certains chefs. Tous ne voient pas d’un très bon œil cette nouveauté. Ils n’ont d’ailleurs pas hésité à partager leur avis dans Marianne. Voici donc les propos de Michel Sarran, ancien juré de Top Chef et de Mohammed Cheikh gagnant de la saison 12.
“J’ai l’impression que le Michelin cherche à faire de la communication”
Si depuis quelques années, Michel Sarran ne participe plus à Top Chef, il a campé le rôle de juré dans le concours de 2014 à 2021. Il était d’ailleurs une figure marquante du programme. Mais alors que pense t-il de l’évolution du concours et de la nouveauté de cette année ? En réalité, le chef avoue être mitigé sur le sujet : “Cette décision reste dans la lignée du changement de jurés, il y a quelques années M6 a essayé d’apporter des nouveautés pour son émission, ce qui semblait logique. En revanche, c’est plutôt par rapport au Guide Michelin et à ses traditions que cette annonce me surprend. Pour obtenir l’étoile, on nous disait qu’on était jugé sur la régularité, l’identité du chef, la qualité du produit, les techniques… Mais aujourd’hui, c’est devenu la Star Ac. Top Chef est une émission sérieuse, qui a son public, à laquelle participent des candidats surprenants, mais ça reste un concours. Autant attribuer l’étoile à tous les MOF à ce compte-là. Je ne comprends pas comment les inspecteurs peuvent se baser sur Top Chef pour affirmer qu’un candidat mérite une étoile” confie le chef au média Marianne.
Aujourd’hui, il déplore cette association et se questionne sur la réelle raison qui a poussé le Guide à s'associer au programme : “La télévision serait-elle en train de prendre le pouvoir sur la profession ? Le message est très dur pour les restaurateurs. J’ai l’impression que le Michelin cherche à faire de la communication”.
Michel Sarran se remémore d’ailleurs l’année où il a été déchu de sa deuxième étoile. Là encore, la façon d’agir de Guide Michelin l’a laissé perplexe : "Ça me rappelle lorsque j’ai perdu ma deuxième étoile, en 2023. J’ai pris acte, mais je n’ai pas accepté le fait qu’ils fassent le buzz en annonçant que Christopher Coutanceau, Guy Savoy et moi-même avons été sanctionnés. L’accent avait été mis sur les perdants et non sur les promus”.
“On se doute que derrière, il y a des questions d’argent !”
Gagnant de la saison 12 de Top Chef, Mohammed Cheikh partage également l’avis du chef Sarran. Pour lui, son avis est clair et bien tranché : “Je trouve cette annonce désolante”. En effet, le candidat explique que pour lui : “ Top Chef et le Michelin ont pour point commun la gastronomie, mais on ne peut pas mélanger les deux univers. J’ai été très content de participer à l'émission. La remporter a changé ma vie, mais ça reste un concours culinaire. Le charme de Top Chef, c’est justement la dimension humaine – totalement différente de celle du Michelin !”.
Pour lui aussi, cette collaboration n’a pas vraiment de sens bien qu’elle ne serait pas non plus anodine : “On a l’impression qu’avec cette annonce, le Guide Michelin est en perte de vitesse et ne sait plus quoi faire pour créer le buzz. On se doute que derrière, il y a des questions d’argent ! Ce guide est synonyme de prestige et il ne faut pas qu’il perde sa valeur. De fait, j’estime que c’est une fausse bonne idée parce que le Guide Michelin cherche à surfer sur la jeunesse que représentent ce concours et ses candidats". Mohamed Cheikh ne s’en cache pas, il est contre cette nouvelle mécanique : “C’est un manque de respect pour la profession, mais également pour les anciens candidats de l’émission qui peuvent se sentir lésés".