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Certains légumes poussent mieux en ville qu’à la campagne. On vous explique comment !

On ne saurait pas vraiment expliquer pourquoi, mais on s'imaginait que les plantations chez Papi-Mamie, à la campagne, allaient forcément mieux pousser que les cultures urbaines. On avait tort. Une récente étude suggère que certains légumes poussent mieux en ville qu'à la campagne. Explications.

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L'agriculture urbaine a de bons taux de rendement. Adobestock

On cultive peu de produits en ville (à peine 15 à 20%), dont 5 à 10% de légumes et tubercules. Ce chiffre très bas s'explique par la méconnaissance du rendement et de la viabilité de l'agriculture urbaine par rapport à l'agriculture conventionnelle. Même en tant que particuliers, on pense que les légumes vont moins bien pousser en ville, sur le toit, dans les jardins partagés ou dans la cour, que des plantations à la campagne. Alors que c'est faux. Une récente étude publiée le 23 août dans la revue Earth Future démontre que l'agriculture urbaine peut avoir un très bon rendement

L'alimentation de demain passera-t-elle par l'agriculture urbaine ?

Face à une population mondiale toujours croissante, qui pourrait atteindre 9,6 milliards de personnes en 2050, la question de la sécurité alimentaire se pose. Comment nourrir toujours plus de personnes de façon durable alors que les espaces s'urbanisent de plus en plus ? Comment assurer la sécurité alimentaire tout en prenant en compte que l'agriculture représente aujourd'hui 1/3 des émissions de gaz à effet de serre ? C'était là tous les enjeux de cette étude.

 

Les scientifiques ont pris en compte plus de 200 études qui analysaient des cultures diverses, aussi bien en bord de routes, que sur les toits, mais aussi dans les parcs et les jardins de 53 pays. Verdict : les chercheurs ont constaté que certains légumes ont un plus grand rendement en agriculture urbaine qu'en culture conventionnelle, en fonction du type d'espaces (sol, vertical, cour, jardins partagés, toits) et du niveau d'ensoleillement.

 

"Nous avons observé une forte adéquation agronomique des zones urbaines, avec des rendements agricoles urbains équivalents ou supérieurs aux rendements agricoles conventionnels moyens mondiaux" écrivent-ils dans le résumé de leur étude.

Dans votre cour intérieure, cultivez des tomates, des poivrons et des cornichons !

L'aquaponie, l'avenir de l'agriculture ? Adobestock

Les tomates, les piments et les poivrons poussent très bien dans l'eau ; les rendements sont très élevés lorsque ces légumes sont cultivés en ville en hydroponie, une culture hors sol où la terre est remplacée par un substrat stérile comme des billes d'argiles, du sable ou des fibres de coco. Les nutriments habituellement disponibles dans la terre (sels minéraux et autres) sont apportés grâce à une solution diffusée par l'irrigation. 

 

"Les rendements de tomates dans les systèmes hydroponiques étaient significativement supérieurs aux rendements de tomates dans les systèmes basés sur le sol" détaillent les scientifiques.

 

Si, malgré notre explication, le concept d'hydroponie reste flou pour vous, retenez simplement que cette étude suggère que les tomates et poivrons n'ont pas besoin de terre pour pousser. Et ce n'est pas tout. Les laitues et chicorées  sont bien plus fertiles (rendement multipliés par 2,4), et donc rentables, lorsqu'elles poussent à la verticale.

 

Et les scientifiques de poursuivre. "Les rendements agricoles urbains des « racines et tubercules », « oléagineux » et « légumes primaires » étaient plus de deux fois plus élevés que les rendements conventionnels".

 

Mais la différence la plus flagrante entre agriculture urbaine et agriculture conventionnelle s'observe dans la culture des concombre et cornichons (4,4x supérieurs). Si l'agriculture urbaine permet de faire pousser jusqu'à 17kg de cucurbitacées au mètre carré, le système d'exploitation traditionnel a un moins bon rendement : seulement 3,8kg au mètre carré. Les tomates, piments et poivrons poussent environ 3x mieux en agriculture urbaine qu'en agriculture conventionnelle. Seules les cultures sucrières avaient un rendement inférieur pour l'agriculture urbaine qu'en agriculture conventionnelle.

Des résultats à approfondir

Cette étude est qu'un premier pas qui ouvrent de nombreuses portes, notamment pour réduire notre empreinte carbone liée à l'alimentation et bénéficier au mieux des nutriments offerts par les fruits et légumes frais. Une consommation de produits cultivés localement permet de diminuer les temps de transports et de stockage pour que les consommateurs puissent savourer des produits cueillis à maturité et qui n'ont pas perdu la plupart de leurs nutriments en route.

 

Mais cela soulève d'autres questions, notamment économiques. Quid du coût pour faire fonctionner ces systèmes d'agricultures urbaines ? Combien de personnes employer pour exploiter ces cultures de demain ? Enfin, il reste à savoir si la pollution urbaine pourrait affecter, et dans quelle mesure, ces cultures. 

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