Le jeûne intermittent est-il bon pour la santé ? Adobestock
On s'était déjà penché sur le cas du régime Natman qui faisait beaucoup parler de lui sur les réseaux. Que vous jeûniez de 16h jusqu'à demain matin, que vous ne mangiez pas un jour sur deux ou que vous mangiez beaucoup moins pendant 2 jours, tous les régimes intermittents alternent entre restriction alimentaire et période d’alimentation normale. Cette pratique est-elle bénéfique pour perdre du poids ? Est-elle à risque pour notre santé ?
Perdre du poids facilement, sans efforts ni frustration : rêve ou réalité ? A en croire ceux qui vantent les mérites du jeûne intermittent, c’est tout à fait possible. A en croire les scientifiques, ce n’est pas si sûr.
Le jeûne intermittent ne vaut pas mieux qu'un autre régime
“La plupart des publications ne montrent pas de supériorité du régime intermittent (quelles que soient ses modalités) par rapport à d’autres régimes en matière de perte de poids” résume l’Inserm dans la rubrique CanalDetox de son site internet.
Une étude, publiée dans International Journal of Obesity a comparé la perte de poids de 332 patients qui ont suivi soit un régime hypocalorique, soit un régime intermittent une semaine sur deux, soit un régime intermittent où ils mangeaient normalement pendant 5 jours et se restreignaient pendant 2 jours. Résultat : leur perte de poids est quasi similaire. Ceux qui suivent un régime hypocalorique ont perdu 6,6kg, les autres 5,1kg et 5kg.
Les chiffres le prouvent : le jeûne et les autres régimes intermittents ne valent pas mieux que d’autres régimes, mais ne sont pas moins bien non plus pour perdre du poids. Certes, certains perdent rapidement du poids. Cela n'est pas dû à une efficacité incroyable du régime; mais à la perte d'eau (9g d'eau pour 1g de glycogène) et à la perte de muscles ; pas de la graisse. Et cette perte rapide et importante les premiers jours est valable pour tous les régimes amincissants.
Le jeûne intermittent met-il notre santé en danger ?
Les résultats de certaines études suggèrent que les personnes qui suivent un régime amincissant lambda mangeraient de façon plus variée et saine que ceux qui suivent des régimes intermittents. Peut-être compensons-nous le jeûne en mangeant plus lors des autres repas ?
On estime parfois qu'un jeûne permet de détoxifier l'organisme et stimule nos défenses immunitaires. C'est complètement faux, pour une simple et bonne raison : le corps n'a pas besoin de nous pour éliminer les toxines ; il a des reins et un foie qui sont là pour ça. Penser qu'on doit de temps en temps, surtout après les fêtes, détoxifier son organisme est une idée reçue qui peut entraîner des troubles du comportement alimentaire.
Un jeûne intermittent pratiqué sur une courte période et suivi par un médecin ne présente pas de risques pour la santé chez une personne saine. Mais cela a des limites : sur la durée, des carences peuvent apparaître, surtout si vous réduisez drastiquement le nombre de calories.
Dans le cas de jeûne total, c'est encore pire :
"Le jeûne, outre la sensation de faim, peut provoquer des maux de tête importants, des étourdissements, voire des malaises" développe le ministère de la santé sur une fiche réflexe, avant de poursuivre "au-delà de deux semaines, il peut provoquer des anémies par carence en fer, des inflammations et fibroses au niveau hépatique et une dégradation du capital osseux. Le risque le plus grave associé au jeûne est celui de la survenue de troubles du rythme cardiaque pouvant dans certains cas conduire au décès".
Les populations à risque (enfants, femmes enceintes et personnes âgées) ne doivent pas suivre un tel régime. Les adolescents non plus ; leur croissance pourrait être chamboulée. Dans tous les cas, il n'est pas recommandé de suivre un régime intermittent sans l'accompagnement d'un spécialiste.
Que faire pour perdre du poids sans risque pour la santé ?
Il n'y a donc pas de preuve d'une efficacité incroyable (pas plus qu'un autre régime) mais pas de preuve de son inefficacité non plus. Quant aux supposés effets bénéfiques sur la santé, les études sont trop faibles pour conclure à des résultats probants sur l'humain. Les effets négatifs, eux, sont liés à la privation et au manque de calories, comme d'autres régimes amaigrissants.
Alors, en l'absence de données suffisamment précises et fiables, il vaut mieux adopter une alimentation équilibrée et avoir une activité physique régulière pour perdre du poids. Surtout que l’Anses estime que 95% des personnes reprennent du poids après un régime classique...